ENTRY DESCRIPTION
Le projet photographique « Manifestations » propose une immersion au cœur des manifestations parisiennes depuis 2019. On parle alors des « Gilets jaunes » comme d’une masse uniforme en colère et violente. J’ai envie de comprendre qui sont ces femmes et ces hommes, de me rapprocher d’eux, de les écouter.
Semaine après semaine, mois après mois, je photographie des visages, je rencontre des personnes. Je recroise souvent les mêmes. Dans leurs yeux la détresse, la colère, mais aussi la fierté et la joie d’être là, ensemble, à Paris. De faire entendre leur voix, enfin. Ils ne sont pas parisiens mais viennent de grande banlieue ou plus souvent de province. Ils ont parfois fait plusieurs heures de transport pour venir manifester, voire ont dormi dans leur voiture pour être sûr d’arriver à temps et échapper aux barrages policiers.
Si le schéma du maintien de l’ordre a changé depuis 2016 et les manifestations contre la loi Travail, il se radicalise encore plus avec les Gilets jaunes. Je suis témoin de cette escalade de la violence. Corps à corps, visages en sang, nuages de gaz lacrymogènes, bruit assourdissant des grenades de désencerclement. Jamais je n’aurais imaginé vivre ça à Paris. Si le mouvement des Gilets jaunes s’essouffle, la colère sociale ne faiblit pas. Un temps interrompues par la crise sanitaire, les manifestations sont redevenues l’expression régulière et bruyante de cette contestation: mouvement contre la réforme des retraites, mouvement contre le projet de loi Sécurité globale, mouvement « Black lives matter », marches pour le climat, rassemblements contre les violences policières, manifestations en soutien aux soignants, etc. Je continue à donner des visages à cette colère, à photographier la manifestation comme un lieu et temps privilégié d’observation de notre société, de ses dysfonctionnements.

AUTHOR
Julien Gidoin
Chef opérateur, photographe

Autodidacte Julien Gidoin entre dans le monde du cinéma par la petite porte vers l’âge de 18 ans. D’abord électricien puis chef électricien sur des tournages de fictions, il devient chef opérateur de cinéma et de documentaire en 2005. Il a depuis signé l’image de nombreux films documentaires diffusés à la télévision et de plusieurs courts-métrages de fiction et d’un long métrage.
Il a également réalisé plusieurs films documentaires.
La photographie restait pour lui un outil de travail lié au découpage d’un film ou à l’étude d’une lumière. Photographier ne deviendrait un métier qu’en 2019.

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